LETTRE OUVERTE DE BABI BALUKUNA AU CHEF DE L’ETAT SUR LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT DE BASE EN RDC.

RDC: BABI BALUKUNA ECRIT A FÉLIX TSHISEKEDI.

Monsieur le Président de la République,

Avec les sentiments les plus déférents,

Je viens par la présente lettre ouverte, en tant que citoyen et parent, vous féliciter d’avoir rendu la gratuité de l’enseignement fondamentale une réalité, conformément à votre discours d’investiture du 24 Janvier dernier. Avec loyauté, vous avez su accomplir votre rôle de garant des prescrits de notre Constitution. Merci d’avoir finalement soulagé et honoré les parents congolais qui, trois décennies durant, ont eu à supporter contre vents et marais, le système éducatif national.

En militant pour la qualité de l’enseignement en RDC, daignez accepter que je puisse, Monsieur le Président, croire avec fermeté que l’opérationnalisation de cette mesure demeure un processus comme vous l’avez-vous-même fait remarqué à la presse lors de la rentrée scolaire 2019-2020, dans une école de la capitale dont vous inauguriez les travaux de réhabilitation.

Monsieur le Président de la République,

Je vous prie de souffrir que je vous remémore des prérequis à l’aboutissement satisfaisant de votre louable démarche. Il fallait s’y attendre, la nouvelle de la gratuité de l’enseignement a entraîné avec succès, des débordements d’élèves nouveaux dans les écoles publiques. Ainsi, se fait pressant le besoin d’infrastructures scolaires sur l’ensemble de l’étendue du pays. D’ailleurs, sur les 52.000 établissements scolaires recensés, 20.800 attendent encore d’être budgétisées afin d’accéder aux subventions indispensables à leur fonctionnement.

Monsieur le Président de la République,

Je dois vous avouer que les menaces de grèves en provenance de la corporation d’enseignants inquiète plus d’un parent bénéficiaire de la gratuité, quant à la rentabilité de celle-ci ! L’enseignant se plaint avec raison, de toucher la modique somme équivalent à 80$, amputée d’indemnités de logement et de transport. 15000 de ses collègues sont, par ailleurs, impayés faute de statut. Tandis que d’autres sollicitent impatiemment d’être envoyés à la retraite. Il se pose bien entendu la problématique de la remise à niveau de la plupart de nos enseignants.

Monsieur le Président de la République,

Le devis dressé par les experts du domaine nécessite une hausse drastique des dépenses étatiques de l’ordre de 40% de l’actuel budget de l’Etat qui, ne prend déjà pas en compte la prise en charge de la gratuité de l’enseignement de base pour les quatre premiers mois de l’année scolaire en cours.

Monsieur le Président de la République,

Considérant l’importance du budget sus-évoqué, ainsi que l’obligation du résultat qui incombe à vous seul devant le souverain primaire, je vous convie Excellence, à placer sous la supervision de la Présidence de la République, un Secrétariat Technique composé d’Experts nationaux, avec pour mission d’assurer la coordination de l’ensemble d’activités liées à la mise en œuvre de cette gratuité et des stratégies à mettre en place pour sensibiliser davantage parents et ou tuteurs, sur le caractère obligatoire de l’enseignement qu’implique la dite gratuité. Le Programme Mondial de l’Education PME en sigle, estimait en mai récent que 3,5 millions soit 26,7% d’enfants en âge de fréquenter le primaire, n’étaient pas scolarisés.

Monsieur le Président de la République,

Je termine en tirant la sonnette d’alarme sur l’objectif principal de l’enseignement du niveau primaire qui est d’amener l’apprenant à bien lire et écrire, donc de sortir ce dernier de l’analphabétisme. La gratuité a certes prêché pour la quantité d’inscrits à l’école, mais une quantité sans qualité risque d’être une bombe à retardement pour le pays ! Voilà pourquoi avec mon association, Action Concrète pour le Congo, nous vous tendons la main afin de rendre possible et obligatoire l’érection des bibliothèques scolaires. Le prototype est déjà fonctionnel avec notre projet de la Bibliothèque Citoyenne qui assure la proximité entre l’écolier et la lecture. Cela dans un petit nombre d’écoles de la capitale, faute de moyens. Avec le concours du protocole, nous profiterons de votre bref séjour en Belgique pour vous en présenter la démonstration. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, mon infime contribution à votre vision dans le domaine de l’éducation nationale.

Fait à Mons, le 15 Septembre 2019.

BABI BALUKUNA

Opérateur Socio Culturel

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